Dans le cadre du Voyage-Mémoire organisé par le Conseil général du Rhône et l’Association des Fils et Filles de Déportés Juifs de France, 10 élèves de 3e du Collège de la Haute-Azergues ont récemment effectué, aux côtés de leur professeur d’histoire, M. Gratier de Saint Louis, une visite mémorielle des camps de concentration et d’extermination d’Auschwitz et de Birkenau, en Pologne.
Logés à Cracovie, les dix adolescents, accompagnés par M. Denis Longin, Conseiller général du canton et par 140 autres collégiens rhodaniens, entament ce voyage-mémoire par une visite guidée du camp de concentration d’Auschwitz-1, sinistrement connu pour sa terrible devise : « Arbeit macht frei » (le travail rend libre). Cette éprouvante immersion dans l’univers concentrationnaire nazi amène les élèves à découvrir la chambre à gaz n°1 et le four crématoire, la terrible prison du Block 11, ou encore l’hôpital, appelé également le « Revier », véritable antichambre du four crématoire, où les médecins SS pratiquaient les plus folles expérimentations médicales. Les adolescents sont également profondément émus par les expositions permanentes installées dans les baraquements en briques rouges, où sont figés, pour la postérité, des centaines de portraits de déportés, de tout âge et de toute origine, témoins d’une multitude de parcours de vie, définitivement broyés par la machine concentrationnaire nazie… Pareillement, les monticules de cheveux, de chaussures, d’ustensiles de cuisine ou de valises, mentionnant le nom d’un propriétaire qui ne reviendra jamais, plongent les Porteurs de Mémoire que nous sommes dans un état de malaise insoutenable…
Par un froid sec et sous une neige hivernale, l’après-midi est consacré à la visite, à quelques kilomètres d’Auschwitz-1, du camp d’extermination de Birkenau-Auschwitz-2. Construit par les Nazis dès 1942, dans la cadre de la politique d’extermination des Juifs européens décidée lors de la Conférence de Wannsee. Birkenau devint alors une véritable « usine de la mort », où périrent plus d’un million de Juifs et de Tsiganes d’Europe. Accompagnés par M. Simon Igel, Juif d’origine polonaise, déporté à Auschwitz en octobre 1943, les collégiens prennent conscience de l’ampleur du Crime commis en ce lieu, devenu le « plus grand cimetière juif à ciel ouvert du monde »… Tatoué du matricule 157085, Simon Igel parvient, avec justesse et dignité, à faire revivre l’émotion qui émane encore de ce lieu aujourd’hui. Notre groupe est silencieux, ému, recueilli… Rampe du train, baraquements insalubres, latrines ouvertes au vent des Carpates, ruines décharnées des chambres à gaz et des fours crématoires, charniers égarés en lisière des forêts de bouleaux, nous n’oublierons jamais cette leçon de Civisme et d’Histoire. Nous en sommes désormais les dépositaires et les « Porteurs de mémoire ».
Marie, Charlotte, Jessica, Loudna, Adeline, Lou, Mickaël, Alexis, Sylvain et Clément s’y sont engagés. Ils témoigneront de ce qu’ils ont vu et entendu, pour que de tels crimes ne soient jamais oubliés. Nos dix adolescents sont d’ores et déjà au travail pour préparer le n°2 de leur bulletin numérique, un film vidéo retraçant leur périple polonais et une exposition dans le cadre des portes ouvertes du Collège. Dans quelques semaines, ils se rendront d’ailleurs dans les studios de Radio Judaïca Lyon, pour « dire l’indicible », interviewés par le journaliste Henri Fitouchi.
Retrouvez l’actualité du Groupe « Mémoire de la Shoah » sur http://memoiredelashoah.blogs.laclasse.com/
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Des ados témoignent :
 Sylvain : « Pourtant, parmi la 1ère dizaine de Blocks visitĂ©s ce matin lĂ , un en particulier aura retenu mon attention… Nous y entrons. Le guide nous demande d’emprunter l’escalier de gauche pour monter Ă l’Ă©tage. Nous arrivons alors dans une salle oĂą nous dĂ©couvrons une maquette des chambres Ă gaz et des fours crĂ©matoires. Bien prĂ©parĂ© psychologiquement par notre professeur, ayant dĂ©jĂ vu de tels dessins et schĂ©mas, nous accusons le coup… la visite peut se poursuivre. Dans une vitrine, d’étranges boĂ®tes de conserve ouvertes attirent notre attention… Il s’agit de  Zyklon B, ces cristaux qui, au contact de l’air, se transforment en gaz, asphyxiant alors les Juifs inaptes au travail… Mais ce qui allait suivre devait dĂ©passer l’imagination d’un ĂŞtre humain ! Nous pĂ©nĂ©trons dans la salle aux cheveux… Deux… Deux ??? Non, pas 2 kilos de cheveux, ni mĂŞme 2 m² de cheveux… mais DEUX TONNES de cheveux !!! Inimaginable… Mais le pire, ce sont encore les petites chaussures en laine, cousues par une grand-mère, une mère, pour un enfant qui ne savait encore ni marcher, ni parler, et qui, parce qu’il Ă©tait juif, fut condamnĂ© par ses bourreaux… »
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Lou : « A Auschwitz-2, l’un des lieux qui m’a le plus profondĂ©ment marquĂ©e est la « Rampe », quai oĂą les juifs arrivaient par milliers en train. Mais d’autres lieux sont Ă©galement Ă©mouvants : les baraquements en bois, pas isolĂ©s du froid, oĂą les nazis entassaient jusqu’Ă 700 dĂ©portĂ©s, les immenses latrines, vidĂ©es par le « Scheisse Kommando », qui Ă©tait le seul lieu oĂą les gardiens SS ne se rendaient jamais et donc, l’unique endroit du camp oĂą les dĂ©portĂ©s pouvaient communiquer et Ă©changer entre eux… Émouvantes, encore, les ruines des chambres Ă gaz et des fours crĂ©matoires, dont ils ne restent aujourd’hui que des dĂ©bris de vestiaires creusĂ©s sous terre, oĂą les dĂ©portĂ©s se dĂ©shabillaient avant le gazage. N’oublions jamais… »