Dans le cadre de la Journée Portes ouvertes du Collège de la Haute-Azergues, qui s’est déroulée le samedi 23 mars, le Groupe Mémoire de la Shoah présentait aux 130 parents d’élèves le contenu du travail de préparation et de restitution de leur Voyage-Mémoire à Auschwitz-Birkenau, effectué en janvier dernier.
Ils ont notamment profité de cette demi-journée pour animer une exposition et témoigner de leur expérience mémorielle auprès des parents d’élèves du Collège. Chaque famille est ainsi repartie de l’exposition temporaire, installée dans la Salle d’Histoire « Jean Quarré » (du nom d’un jeune patriote et résistant des Bataillons de la Jeunesse, exécuté par les Nazis en 1942), munie d’un tirage papier en couleurs des deux numéros du bulletin numérique « Porteurs de Mémoire ».Une fois de plus, les élèves ont rempli la mission de « Porteurs de Mémoire », qui leur a été confiée en janvier dernier par M. Simon IGEL, rescapé d’Auschwitz, par ces mots : “Faites vivre les camps comme moi je le fais aujourd’hui”…
Marie, Charlotte, Jessica, Loudna, Adeline et Sylvain, accompagnés de deux anciens élèves présents lors du précédent Voyage-Mémoire à Auschwitz en 2010, Dylan et Clément, se sont portés volontaires pour consacrer leur mercredi après-midi à une interview dans les locaux lyonnais de Radio-Judaïca.
Invités par le journaliste Henri Fitouchi, rencontrés lors de leur périple mémoriel en Pologne, les adolescents étaient très enthousiastes à la proposition qui leur était faite de témoigner de leur expérience sur les ondes d’une station de radio. « Témoigner » étant devenu l’un des axes principaux de leur engagement citoyen.
Tour à tour, les adolescents purent évoquer l’émotion qu’ils ressentirent en franchissant les sinistres portes des camps d’Auschwitz et de Birkenau. Ils parlèrent alors des objets, des lieux, des photos, des bruits, des silences rencontrés dans ces lieux au symbolisme démesurément lourd pour leurs frêles épaules d’ados…
Devant les micros d’Henri Fitouchi, nos 8 Lamuriens purent également témoigner du sens qu’ils donnent désormais à cette expérience mémorielle très particulière. « Ont-ils, depuis, poursuivi leurs lectures et leur travail de mémoire sur la Shoah ? Comment se positionnent-ils devant la montée des actes antisémites au quotidien (d’après les chiffres duService de protection de la communauté juive, les actes antisémites auraient augmenté de 45% en France cette année) ? Souhaitent-ils un jour retourner à Auschwitz ? Comment ont-ils réagi auprès de leurs proches et de leurs camarades ? etc. ». Aux multiples questions qui leur sont posées, les élèves, réfléchis et graves, répondent toujours avec beaucoup d’intelligence et de maturité… Par cette action médiatique très concrète, leur devoir de « Porteurs de Mémoire » leur est une fois de plus apparu plus accessible et réalisable…
L’émission, préparée dans les studios de Radio Judaïca Lyon,
sera diffusée le dimanche 7 avril, jour de Yom HaShoah.
Pour la communauté juive, cette journée commémore les victimes de la Shoah, et fut célébrée, à l’origine, le jour de l’insurrection du Ghetto de Varsovie, le 19 avril 1943. Depuis 1959, en Israël, le jour du Yom HaShoah, à 10 heures du matin, le hurlement des sirènes immobilise durant près de deux minutes, en témoignage de deuil et de mémoire, toute activité humaine et économique.
Dans le cadre du Voyage-Mémoire organisé par le Conseil général du Rhône et l’Association des Fils et Filles de Déportés Juifs de France, 10 élèves de 3e du Collège de la Haute-Azergues ont récemment effectué, aux côtés de leur professeur d’histoire, M. Gratier de Saint Louis, une visite mémorielle des camps de concentration et d’extermination d’Auschwitz et de Birkenau, en Pologne.
Logés à Cracovie, les dix adolescents, accompagnés par M. Denis Longin, Conseiller général du canton et par 140 autres collégiens rhodaniens, entament ce voyage-mémoire par une visite guidée du camp de concentration d’Auschwitz-1, sinistrement connu pour sa terrible devise : « Arbeit macht frei » (le travail rend libre). Cette éprouvante immersion dans l’univers concentrationnaire nazi amène les élèves à découvrir la chambre à gaz n°1 et le four crématoire, la terrible prison du Block 11, ou encore l’hôpital, appelé également le « Revier », véritable antichambre du four crématoire, où les médecins SS pratiquaient les plus folles expérimentations médicales. Les adolescents sont également profondément émus par les expositions permanentes installées dans les baraquements en briques rouges, où sont figés, pour la postérité, des centaines de portraits de déportés, de tout âge et de toute origine, témoins d’une multitude de parcours de vie, définitivement broyés par la machine concentrationnaire nazie… Pareillement, les monticules de cheveux, de chaussures, d’ustensiles de cuisine ou de valises, mentionnant le nom d’un propriétaire qui ne reviendra jamais, plongent les Porteurs de Mémoire que nous sommes dans un état de malaise insoutenable…
Par un froid sec et sous une neige hivernale, l’après-midi est consacré à la visite, à quelques kilomètres d’Auschwitz-1, du camp d’extermination de Birkenau-Auschwitz-2. Construit par les Nazis dès 1942, dans la cadre de la politique d’extermination des Juifs européens décidée lors de la Conférence de Wannsee. Birkenau devint alors une véritable « usine de la mort », où périrent plus d’un million de Juifs et de Tsiganes d’Europe. Accompagnés par M. Simon Igel, Juif d’origine polonaise, déporté à Auschwitz en octobre 1943, les collégiens prennent conscience de l’ampleur du Crime commis en ce lieu, devenu le « plus grand cimetière juif à ciel ouvert du monde »… Tatoué du matricule 157085, Simon Igel parvient, avec justesse et dignité, à faire revivre l’émotion qui émane encore de ce lieu aujourd’hui. Notre groupe est silencieux, ému, recueilli… Rampe du train, baraquements insalubres, latrines ouvertes au vent des Carpates, ruines décharnées des chambres à gaz et des fours crématoires, charniers égarés en lisière des forêts de bouleaux, nous n’oublierons jamais cette leçon de Civisme et d’Histoire. Nous en sommes désormais les dépositaires et les « Porteurs de mémoire ».
Marie, Charlotte, Jessica, Loudna, Adeline, Lou, Mickaël, Alexis, Sylvain et Clément s’y sont engagés. Ils témoigneront de ce qu’ils ont vu et entendu, pour que de tels crimes ne soient jamais oubliés. Nos dix adolescents sont d’ores et déjà au travail pour préparer le n°2 de leur bulletin numérique, un film vidéo retraçant leur périple polonais et une exposition dans le cadre des portes ouvertes du Collège. Dans quelques semaines, ils se rendront d’ailleurs dans les studios de Radio Judaïca Lyon, pour « dire l’indicible », interviewés par le journaliste Henri Fitouchi.
Sylvain : « Pourtant, parmi la 1ère dizaine de Blocks visités ce matin là, un en particulier aura retenu mon attention… Nous y entrons. Le guide nous demande d’emprunter l’escalier de gauche pour monter à l’étage. Nous arrivons alors dans une salle où nous découvrons une maquette des chambres à gaz et des fours crématoires. Bien préparé psychologiquement par notre professeur, ayant déjà vu de tels dessins et schémas, nous accusons le coup… la visite peut se poursuivre. Dans une vitrine, d’étranges boîtes de conserve ouvertes attirent notre attention… Il s’agit de Zyklon B, ces cristaux qui, au contact de l’air, se transforment en gaz, asphyxiant alors les Juifs inaptes au travail… Mais ce qui allait suivre devait dépasser l’imagination d’un être humain ! Nous pénétrons dans la salle aux cheveux… Deux… Deux ??? Non, pas 2 kilos de cheveux, ni même 2 m² de cheveux… mais DEUX TONNES de cheveux !!! Inimaginable… Mais le pire, ce sont encore les petites chaussures en laine, cousues par une grand-mère, une mère, pour un enfant qui ne savait encore ni marcher, ni parler, et qui, parce qu’il était juif, fut condamné par ses bourreaux… »
Lou : « A Auschwitz-2, l’un des lieux qui m’a le plus profondément marquée est la « Rampe », quai où les juifs arrivaient par milliers en train. Mais d’autres lieux sont également émouvants : les baraquements en bois, pas isolés du froid, où les nazis entassaient jusqu’à 700 déportés, les immenses latrines, vidées par le « Scheisse Kommando », qui était le seul lieu où les gardiens SS ne se rendaient jamais et donc, l’unique endroit du camp où les déportés pouvaient communiquer et échanger entre eux… Émouvantes, encore, les ruines des chambres à gaz et des fours crématoires, dont ils ne restent aujourd’hui que des débris de vestiaires creusés sous terre, où les déportés se déshabillaient avant le gazage. N’oublions jamais… »